Face à Walter Furlan, on ne peut que ressentir une profonde admiration pour ce maître dont les mains ont contribué à façonner l’histoire du verre de Murano au cours des soixante dernières années.

Contraint par les aléas de la guerre à devenir chef de famille, il commença dès son enfance à travailler dans les fornaci, aux côtés des maîtres les plus importants de l’époque (Barbini, Carrara, Maramaccio, Fuga, pour n’en citer que quelques-uns). Par son dévouement sans faille et son talent éclatant, par sa maîtrise absolue de toutes les techniques de travail du verre et sa créativité capable de conjuguer finesse intellectuelle et savoir-faire, il devint maître à seulement 20 ans.

La passion de Furlan pour des artistes comme Chagall, Modigliani, et surtout Picasso, l’amena à reproduire en verre de célèbres motifs de leurs peintures : ses Marie-Thérèse, ses Dora Maar et ses taureaux picassiens, de même que ses figures de Modigliani, sont parmi ses œuvres les plus reconnaissables et appréciées. Mais il a aussi collaboré avec Lindstrom, Alinari, Barattini, Wagner et de nombreux autres artistes. Certains de ses travaux sont exposés au Musée du Verre de Murano.

Une vie entière passée dans la fornace lui a enseigné, mieux que toute université, qu’avant d’être modelé, le verre doit être écouté et ses qualités, respectées. Elle lui a valu la connaissance des rythmes et des temps de l’art du verre, et lui a fait comprendre que les gestes nécessaires pour la réalisation d’une œuvre doivent être comptés telles les mesures d’une partition musicale : le travail dans sa fornace, que son fils continue, retentit aujourd’hui comme une symphonie merveilleuse.